L'histoire du Château du Denacre
Vallée du Denacre / Saint-Martin-Boulogne
Ce château, situé sur la commune de Saint- Martin-Boulogne, dans l’angle formé par les chemins de Wicardenne et de Rupembert, est élevé d’un étage sur rez-de-chaussée et coiffé de combles ardoisés, qui s’ornent de quelques belles-voisines. Il se compose d’un corps de logis avec deux ailes en retour, le tout posé sur une terrasse à balustres. Les parties les plus anciennes de cette construction, remaniée et augmentée au 19ème siècle, sont du 18ème siècle. Les communs, d’une certaine importance, et en grande partie du même siècle, représentent ce qu’il reste de la ferme du château. Le parc magnifiquement boisé avec un beau plan d’eau, occupe la partie amont de la vallée du Denacre (on peut y découvrir un châtaignier de plus de 300 ans).
Cette propriété s’appelait autrefois le Hil. La « maison du Hil », déjà citée au tout début du 16ème siècle par le terrier de Saint Wulmer et par le registre aux reliefs de cette abbaye, avec le rieu, le pont et les jardins enclos du lieu du Hil, appartenait au Moyen Age à une famille de ce nom. Un Willaume du HIL fut mayeur de Boulogne en 1402 pour la neuvième fois. Firmin du HIL qui vivait à la fin du 15ème siècle, vendit le domaine familial à Robert COLLARD et Jean CAILLETTE.
Sous Louis XIV, le propriétaire du Hil était Oudart BALLIN, laboureur à Saint-Martin. Ce dernier le vend le 20 juillet 1684 à Maître Olivier LE LASSEUR, prêtre de la congrégation de la Mission, supérieur du séminaire de Boulogne ; les Lazaristes ayant reçu à la fin de l’année 1682, la direction dudit séminaire, lequel venait d’être fondé à Boulogne et était alors édifié dans la Grande-Rue. Ils installèrent au Denacre, une maison de plaisance signalée en 1777.
Au début de la Révolution, après la saisie par la Nation des biens du clergé, la propriété fut adjugée le 14 septembre 1791, au citoyen Hubert DUCARNOY, négociant à Boulogne. Sous l’Empire, ce dernier se lança dans l’armement de corsaires. Suite à son décès, la propriété échut par partage en date du 31 juillet 1831, à sa fille Rosalie-Henriette, veuve de François- Louis MALRAISON, qui elle-même la vendit à Monsieur Hercule ADAM et à sa femme née Rose WISSOCQ. Monsieur Hercule ADAM appartenait à cette dynastie de banquiers qui fut intimement liée au développement et à la prospérité de Boulogne au 19ème siècle. Il était également le frère d’Alexandre ADAM, qui, maire de Boulogne pendant 18 ans, fit de sa ville natale, une cité moderne. Le 4 octobre 1901, Madame Amaury de LA BARRE de NANTEUIL, née Rose-Adrienne ADAM, petite-fille d’Hercule ADAM, vendit le Denacre à un Anglais, Jules MOISE, Directeur de Banque à Croydon. Ce dernier ne profita guère de cette propriété française, car le 1er février 1906, ses consorts la revendaient à Monsieur Jules de BOUTEILLER, entre les mains duquel, elle ne resta que quelques années. En mai 1913, le Denacre fut acquis par Monsieur FAUVARQUE, qui l’occupa jusqu’à sa mort en 1963. Madame FAUVARQUE était la soeur de l’écrivain André MABILLE de PONCHEVILLE qui aimait cette propriété ; laquelle est ensuite passée aux mains de Madame LESSENS PROUVOST, puis de divers autres propriétaires.
A noter deux particularités dans ce château :
D’une part il possède une cloche, qui porte la date de 1809 et qui provient d’un navire suédois, le Storfursten qui échoua à la Pointe-aux-Oies le 24 décembre 1837, par « une mer houleuse et une brume épaisse ».
D’autre part, sous les combles, se trouve un tout petit oratoire, dont l’unique fenêtre ouvre sur la chevauchée des nuages. Sur les murs peints, se voient les emblèmes des quatre évangélistes, quelques blasons fantaisistes et en grec, des inscriptions glorifiant ou implorant le Seigneur. Tout cela date apparemment du Second Empire. C’est donc à un ADAM, qu’il faudrait attribuer l’aménagement de cet oratoire.